Intergenerationnel
Définition
Des activités communes pourraient être bénéfiques pour chacun. C'est ce que l'on appelle le lien intergénérationnel : il s'agit de favoriser le contact et l'échange de savoirs entre des personnes d'âge différent dans le but de développer le lien social.
Une société à quatre générations
Dans son livre « Générations solidaires », Jean-Pierre Fragnière développe le thème d’une nouvelle société́ qu’il nomme « la société́ de longue vie ». Quelle est cette société́ qui se trouve à notre porte, quels en sont les contours, les formes ? L’espérance de vie tout d’abord
L’espérance de vie a fait un bon de quinze ans en quelques décennies. Pour les trois quarts de nos contemporains, la vieillesse n’est plus synonyme de privations et de pauvreté. (...) Il faut apprendre à trouver sa place dans une société à quatre générations.
Jean-Pierre Fragnière
Comment vivre ensemble longtemps ?
" Cela s’apprend, non seulement dans les familles mais également dans la société où chacun est différent. Aujourd’hui, on découvre et on déguste un impressionnant cadeau qu’on n’a pas vu venir, nous dit Jean-Pierre Fragnière. En quelques décennies, nous avons gagné quinze ans, offerts à presque tout le monde. Et quinze ans, c’est très long ! C’est une génération pratiquement. Cela veut dire que quatre générations vivent en même temps. Or, et c’est essentiel, tous sont actifs ! C’est-à-dire, capables d’agir dans leur quotidien, à huitante ans, huitante-cinq ans, nonante ans. Et, pour la première fois dans l’histoire, apparaît une génération de retraités qui sont des personnes qui ont toutes été formées. La première génération de femmes ayant reçu une formation, évidemment assez différenciée mais réelle, arrive dans la grande vieillesse et pour les hommes, c’est aussi un changement important. Toutes ces personnes cohabitent aujourd’hui autour de nous et sont en train d’inventer des modes de vie nouveaux."
La transmission sociale
Bernard Crettaz explique : « Toute ma vie a été marquée par la transmission sociale. Je suis né dans une société où la transmission sociale de paysan à fils de paysan a été fondamentale. Ensuite, en partant faire des études, la transmission a joué ce rôle déterminant. J’ai passé ma vie et une partie de mes études à écouter les vieilles et les vieux. Et qu’est-ce qu’ils transmettaient ? Essentiellement, des histoires. C’est pour ça que, pour moi, le fond de l’être humain, c’est un roman qui s’écrit. C’est un récit qui s’écrit. Et mon rôle, c’est d’être l’écouteur de ce roman. Sauf qu’un jour, cela va changer. Je ne vais plus transmettre ce que j’ai reçu, mais dire aux nouveaux arrivants :
Toi qui vis dans une modernité que moi j’entrevois, mais où je n’entrerai pas, emmène-moi dans ton temps.
Ça devrait s’appeler « emmène-moi dans ton temps ». En disant « emmène-moi dans ton temps », cela veut dire emmène-moi dans cette révolution nouvelle qui est en train de se faire et qui parle essentiellement de réseaux. ».
Créer des nouveaux métiers dans le social
Dans ce contexte, quelles vont être les nouvelles missions du travail social ? Et avec quels outils et pour favoriser quelles mises en commun citoyennes ? Comme le dit poétiquement Pablo Neruda dans son poème intitulé « Le citoyen » : "Je suis entré dans la quincaillerie avec mon cœur innocent pour acheter un simple marteau ou des ciseaux abstraits. Je n’aurais jamais dû le faire, depuis lors, et sans repos, je consacre mon temps à l’acier et aux outils les plus divers."
C’est une métaphore intéressante, car l’animation est elle aussi confrontée au vieillissement de ces métiers dits « canoniques », soit l’éducation, l’assistanat social et l’animation socioculturelle. Que vont devenir ces métiers ? Comment les identifier aujourd’hui ? On favorise l’approche interdisciplinaire.
Mais l’enjeu serait de laisser l’animation être un laboratoire de recherches sociales suivant au plus près les situations des gens. Les nouvelles demandes nous remettent en question et nous créons ainsi de nouveaux métiers, comme les assistants sociaux-éducatifs, ou les accompagnants des bus scolaires.
Le rôle forcément intergénérationnel d’une maison de quartier
En matière d'enjeux, Yann Boggio développe ici le concept d'intergénérationalité : « En tenant compte du fait qu’un quartier se compose de différentes catégories de populations et, aujourd’hui, du fait que l’espérance de vie se prolonge, les quartiers intergénérationnels maintiennent actives les personnes âgées dans la communauté, par leur intégration et le partage de leurs savoirs avec les plus jeunes. Aujourd’hui, moins de 22% de la population a moins de vingt ans. Globalement, il y a de moins en moins de jeunes. Donc, si on veut créer une cohésion sociale à l’intérieur d’un quartier, on se doit de travailler avec toutes les générations. Il est vrai que le travail social hors murs, c’est pour les 12-25 ans et pour des problématiques propres à cette catégorie d’âges. Mais, dans une Maison de quartier, on devrait avoir une palette d’âges de 4 à 99 ans. On ne l’a pas toujours et ça pose beaucoup de questions. Un centre de rencontre pour ados a-t-il encore du sens aujourd’hui ? Est-ce qu’on ne devrait pas avoir des modèles qui incluent ces différentes étapes de la vie ? »
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