Cohésion sociale
Définition
La cohésion sociale désigne aussi bien des formes de participations citoyennes et sociales que des valeurs partagées : l’absence d’exclusion, la réduction des inégalités et de la ségrégation. Avec l’idée de cohésion sociale, on s’efforce de faire tenir ensemble la liberté, l’égalité et la fraternité. On pourrait dire qu’elle tient dans l’articulation de principes tels que la solidarité ou l’intégration sociale. De pouvoir mettre en commun ce qui nous rassemble en dépit de ce qui nous sépare.
Privilégier le dialogue et la confiance
Une société qui change, c’est une société qui s’accroît et se diversifie, qui devient multiculturelle, aspire à des nouveaux services, qui veut assouvir de nouveaux besoins.
C’est sans doute l’enjeu majeur actuel pour que les rouages de notre société puissent fonctionner, nous devons penser en tenant compte des interactions entre le local et l’environnement.
Jean-Pierre Fragnière
Pour que la confiance se crée, il faut du temps, de l’écoute et certaines dispositions que nous énumère ici Guy-Olivier Segond :
« Si, en parlant avec votre enfant, votre neveu, ou votre filleul, vous lui faites une promesse et que vous trompez sa confiance, même pour quelque chose de tout petit, il le saura bien et la promesse suivante, il l’écoutera avec intérêt mais sans trop y croire. Si vous ne trompez jamais la promesse d’un enfant, alors vous pouvez l’emmener dans toutes sortes d’aventures. En politique, c’est un peu la même chose: si vous leur promettez monts et merveilles et que vous les ramenez à une petite colline, les gens trouveront que bon... Si, par contre, vous prenez un peu de temps, vous établissez une relation de confiance, sans vous arrêter au détail vestimentaire, au vocabulaire, à la forme de la langue, alors les gens sont prêts à vous laisser un peu de temps pour réaliser, certainement pas le 100% de ce qu’ils souhaitent, mais pour faire un bon bout de chemin avec eux. »
La cohésion sociale à l’épreuve de l’économie
A la lumière de l’économiste Thomas Piketty, on comprend que les inégalités sociales se sont accrues depuis les années 50. On voit apparaitre une fracture sociale grandissante qui touche particulièrement les jeunes. La pauvreté dans cette classe d’âge est deux fois plus élevée que celle des plus de 65 ans. Cet écart a doublé en 10 ans. On assiste à deux phénomènes: l’émergence de jeunes sans qualifications qui se mettent à la marge des services sociaux et d’autre part, de grands débats publics sur le thème de la montée des incivilités. Les tags, les déprédations apparaissent dans les communes et les quartiers. Ces phénomènes donnent des arguments aux partis de droite pour stigmatiser les jeunes migrants en les associant aux trafiquants de drogue, par exemple.
Alors, que font les jeunes ? À force d’être exclus de la société, ils la rejettent et s’en excluent. Ils votent de moins en moins, n’adhèrent guère aux syndicats et deviennent « individualistes ». La raison en est que le contrat social intergénérationnel est devenu trop inégalitaire et que l’avenir paraît bien sombre. Le vieillissement de la population va accentuer cette logique de fracture sociale. C’est aussi une nouvelle forme de précarité et d’instabilité économique des jeunes qui a pour conséquences des situations de vulnérabilité, voire d’exclusion.
Animation socioculturelle et cohésion sociale
C’est surement une caractéristique de l’animation socioculturelle de parvenir à tisser des liens solidaires entres les diverses classes sociales. A cet effet l’animation dispose d’outils spécifiques dont le travail social "hors les murs". Aller à la rencontre des jeunes qui ne fréquentent pas ou peu les maisons de quartier !
A la fin des années 80, La Commune de Vernier entreprend alors une démarche en direction de la Commission cantonale des Centres de Loisirs et de Rencontres (CCCLR) afin de pouvoir assurer cette présence sur le terrain auprès des jeunes. Avec Solange Schmid, Maire de Vernier, Jacques Rufer, président, et Claude Dupanloup, alors secrétaire permanent de CCCLR, entrent alors en contact avec la direction du Cycle d’orientation des Coudriers. L’idée était de formaliser ces interventions « hors les murs » par la conseillère sociale du CO (Ariane Piguet) en lui accordant une partie de temps de travail consacré à l’éducation de rue. C’est ainsi qu’à la fin des années 80, la CCCLR a créé un premier poste de « travail social hors murs » (TSHM), à titre expérimental.
La démocratie participative
La participation des citoyens devient un élément important dans le processus des prises de décisions dans les collectivités publiques locales. Elle vise à mobiliser les habitants et les usagers d’un quartier, en valorisant leurs compétences et leurs expériences d’avoir vécu dans tel ou tel quartier et d’en connaître le fonctionnement et les problèmes du quotidien. Est-ce pour palier à une remise en question de la démocratie représentative, alors que la vie commune se complexifie ? Reste que lors des nouveaux aménagements du territoire, les riverains, les acteurs économiques locaux ainsi que les futurs habitants sont de plus en plus consultés. Cette participation directe du citoyen est développée dans plusieurs quartiers de la Ville de Genève avec des résultats contrastés. Mais lorsqu’elle fonctionne, elle est susceptible de raviver la cohésion sociale.
Ce fut le cas à Vernier, qui pratique alors la politique des trois P : « Participation, Proximité, Prévention ». Sous la houlette de Thierry Apothéloz et grâce au dynamisme de la Maison de quartier d'Aïre-Lignon, cette commune a été la première à instaurer les « contrats de quartier » qui se définissent comme un cadre par lequel les autorités politiques s’engagent à mettre en œuvre, de façon concertée avec l’État et d’autres partenaires, des actions répondant à des besoins identifiés par les personnes concernées.
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